C’est un monde

Si nous nous éloignions d’un monde, en gardant sur lui un objectif tel un téléscope qui ajusterait à tout instant l’observation de ce monde, afin que nous puissions voir en réalité selon nous les avancées de ses œuvres et des choses auxquelles nous tenions, raison suffisante de l’observer en nous éloignant toujours de lui, ou longuement, à vitesse constante ou variable, verrions-nous de ses œuvres l’image fidèle, réelle, à ce monde, ou bien ? Est-ce que, malgré notre télescope bien réglé pour nous montrer en taille conforme à ce que nous voyions dans ce monde avant de le quitter, sauf en l’observant et en lui écrivant, de loin, malgré tout, l’image que nous recevrions et lirions quotidiennement de ce monde en continuel changement et reprise de lui-même, ces images et ces œuvres n’auraient-elles que l’apparence de certains caractères reconnaissables, assez pour nous faire penser que c’est bien là le monde que nous connaissions et qui ressemble à ce qu’il est ? Mais pourquoi ne le verrions pas tel qu’il se sait et se vit ? Est-ce une loi de l’éloignement, qui altérerait notre vision : nous verrions sur cette image ce qui n’y est pas, sur cette autre nous verrions certains détails absents de ce monde, sur celle-ci nous lirions d’autres choses que celles écrites et le sens commun entre ce monde et notre interprétation ne serait pas même en accord avec ce que nous en savions lors de notre présence sur ce monde. C’est ainsi que le temps, la vitesse, la distance, les sens et les effets d’optique et de relativité nous enseignent que le monde que nous observons est en phase avec lui. Nous, l’ayant quitté, serions en phase si nous détournions notre télescope du monde pour viser notre destination. C’est en y arrivant que j’ai reçu un message à propos du monde que nous avions quitté et observé curieusement. Là où nous sommes les technologies de communication en réseau sont autrement plus rapides et développées que dans notre ancien monde. Plusieurs mondes y sont reliés par les nouvelles que nous apprécions d’échanger par devoir d’organisation puisque nous nous plaisons où nous sommes, avec assez de bonhommie. Eh bien, ce message m’a appris que le monde dont nous venions n’existe pas et n’a jamais existé. Mon premier réflexe a été de me demander comment cela peut être explicable. J’aurais cru cela impossible.