8 milliards de Theodor Adorno, et nous
« Écrire un poème après Auschwitz est barbare, et ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes. » (Theodor Adorno, Prismes, Critique de la culture et société, p. 26)
Un livre que personne ne lit, soit dit en passant, mais un million d’éditeurs l’appliquent et nous voilà.
« l’idée d’une culture ressuscitée après Auschwitz est un leurre et une absurdité », « c’est pourquoi toute œuvre qui est finalement produite doit en payer le prix fort. Mais comme le monde a survécu à son propre déclin, il a néanmoins besoin de l’art en tant qu’écriture inconsciente de son histoire. Les artistes authentiques du présent sont ceux dont les œuvres font écho à l’horreur extrême » (Modèles critiques, p. 59)
« J’ai une copine qui dit ça, aussi », disait quelqu’un. Mais en réalité, ce fait d’exclure la poésie et ses poètes et leurs poèmes arrange beaucoup de gens. Autant dire : écrire un poème avant Auschwitz est bizarre, et cette information d’un fait historique distord quand même l’affectation taiseuse qui feint de servir la cause poétique en la remplaçant par des poèmes en raison d’Adorno. Le fait de ne pas lire d’autres poètes que soi en est le corollaire, qui devient quasiment un fait exprès et un phénomène incontournable, dès lors que la poésie se conserve pour soi et sa famille, tandis que un million d’éditeurs servent la soupe rave pour huit milliards de gens perchés dans leurs histoires, leurs consciences, leur temps de l’innocence, leurs espoirs, leurs éducations, leur trajet vers le pouvoir, et nous. On présente en tel pays une famille par siècle, qui donne sa version des faits et accède à la fortune pour mettre à l’abri sa descendance. Un cas typique des priorités des premiers venus. Mais cette tendance au profit dénote d’un caractère humain qui est porté à demeurer sourd et à ne pas concéder la raison commune à d’autres gens que ceux qui sont autour de soi et ceux qui forment son bien. Le cas de Saint Theodor qui ne croit que ce qu’il voit est le plus courant et je connais, de très loin, presque pas, des gens qui sont certains de mes poèmes : car ils ont de quoi les conserver pour les leurs. En cela ils ne font pas de difficultés. D’autre part, la propension à admirer l’édifice culturel avec un sens de l’obéissance qui fait frémir, c’est un trait humain qui réunit l’innocence et la soumission aux raisons anciennes des traditions. En user avec respect et en profiter sous prétexte d’humaniser ou d’anthropologiser, ce sont deux raisons de la chose qui sont plutôt fort différentes. On peut distinguer comme cela la jeunesse et la décrépitude bourgeoise, en les réunissant sous l’immense bannière du « culturel ». Mais la culture n’a pas besoin de tant de caractères calculateurs. Cela est également tardif, traditionnel et social, non sociable, de pencher vers le caractère qui calcule à tort et au travers. Les valeurs toutes sociales vous empoisonneront plutôt que leur faire l’honneur d’une place parmi plusieurs autres nécessités à l’œuvre. Il voulait plaire, Theodor Adorno. Cela arrange ceux à qui plaît de l’asseoir en le taisant. Mais la réalité du temps présent penche en faveur des lueurs, même des lumières, qui voient que la volonté d’éveiller, d’éduquer, de promouvoir les lectures, les lecteurs, les livres de poèmes, sont entravées par des forces qui vivent de leurs leurres. On est maintenu dans l’oubli des mots, preuves des pensées, par des prétextes de grandeurs, que ce maintien et cet oubli rendent imprononçables et non sus. Les aperçois-tu… Non pas, borné.e de raison journalistique. Cette dernière a du moins le mérite de montrer que telle personne et telle chose, comme les mots qui la décrivent, ne sont pas uniquement bien à quelqu’un et seulement propre à quelque chose, indissociablement.
(Source citations) Quelle poésie après Auschwitz ? CAIRN, Michel Bousseyroux Dans L'en-je lacanien 2010/1 (n° 14)
Un cas de figure : poète-personne
La Personne : parlons attitude et poésie. Lecture, continuité, livres. Qui ? Quelque chose s’est organisé, comment ? J’imaginais les poètes-personnes. Dans leurs entretiens, ni journalistes ni surtout poètes•personnes, personne, poètes, ne demande à vous rapprocher de poètes en-vers-en-rimer, si vous écriviez de ces poèmes en-vers-en-rimer, mais si tel était ou fut ou est le cas, pourquoi vous ne les avez pas publiés ?
- Les auriez-vous proposés, quelqu’un de stratégiquement placé vous eût-il conseillé de n’en rien faire, et pourquoi ?
- Au prix de votre carrière ou au prix d’une programmation culturelle, ou autres : vous n’avez pas commencé par en écrire mais vous observez le milieu, la scène et la poésie francophone dans l’ensemble, dans votre mesure, vous aimeriez voir et revoir de ces poèmes et poètes ? Soyez conscients de la recherche et de la transmission nécessaire, il y en a quelques-uns en livres ou en spectacle Internet, web. On peut dire que leur manque de succès, voire d’estime, a peine à être justifiable, par manque de reconnaissance et de souci pour eux.
- Vous seriez allergiques à ce style de poésie, vous êtes nombreux et pesez lourd, cher, mais dans quel sens ? On ne vous vole rien avec des poèmes, on ne veut pas vos places dans un espace où cela n’existe pas, l’espace culturel n’est pas réduit à l’instar d’une salle et l’intérêt premier demande et commande, — vous êtes vos propres maîtres, — de larges vues de l’esprit envers en rimer avec l’autre, la personne, qui est, peut-on supposer, la question poétique culturelle depuis la crise mondiale de ce qui se nomma « mort de Dieu », soluble en soi et parmi les autres.
Le temps culturel est une question un peu difficile : mais un temps de qualité, nul ne peut l’organiser à soi seul en exigeant que tout le monde ait cette qualité (parce que si l’on exclut de ce temps, dont la publication nourrie de poèmes cultivés peut participer, ceux qui font des poèmes comme ceci ou comme cela, on agit contre la bonne cause et on appauvrit les choses et les gens démoralisent).
De la Personne à l’Autre, en passant par Dieu et les Livres de Vie et de science, ou de philosophie etcétéra, la poésie a de quoi lire en la personne respective des poètes. Le questionnement de la Personne, c’est quoi ?
Le respect de quelque chose qui est juste pour tout au sujet de chacun.
Personne ni rien du tout ?
Personne intime intérieure supérieurement respectable sans contredit mais non-convocable en raison dans l’enjeu de parole et de participation à la culture ?
L’impératif hypothétique de Emmanuel Kant donne les mots, le vocabulaire à cette question, peut-être pas dans l’ordre exact.
Quelqu’un qui existe bien mais on ne l’a pas sonné. Personne.
Personne au sens latin du masque, social, théâtral, la part de soi que nul n’est tenu de dévoiler, oui, mais est-elle agissante en volonté aux moments où on la cache aux autres et pas à soi, c’est un problème qui relève d’une certaine comédie sociale.
La Personne est un pas vers la Personnalité, qui est une certitude anthropologique, on a un résultat et quelques autres. Celle-ci est unique par individu humain, aucun problème d’originalité, aucun clone, sinon dans l’amour où, peut-être heureusement, nous avons notre personne et personnalité symbolique en harmonie, en synergie.
Laissons les personnalités dans le poste, la presse, etc., qui sont des personnages en même temps.
La possibilité de la transparence personnelle est ce qui émerge de la personnalité pour la personne au clair ou désireuse de clarté. Ce pouvoir mène bien sur le chemin de la Vocation, une et multiple, c’est un chemin sûr où la souplesse est relativement considérée, bien considérée. Deuxième vérité anthropologique. Inutile de s’en expliquer longuement quand c’est le cas de le rappeler, ramener au jour.
— Monsieur ? Monsieur !
— Oui.
— La poésie, c’est la famille. Or la famille, on n’y touche pas. Donc on ne lit pas la poésie, on n’y touche pas. Quand j’achète un livre de poèmes, c’est pour aider quelqu’un, dans un sachet en plastique et je n’y touche pas, mais j’ai fait une bonne action, j’ai aidé quelqu’un dans une maison à mettre un peu de beurre dans les épinards. Vous devriez mettre de l’eau dans votre vin.
| Vous liriez de la poésie, vous ? Par cœur alors, à écouter aux rencontres, comme de la musique, entre personnes humaines.|
Ah, croire comprendre et ramener un seul mot à une seule chose, c’est le sens du sacré qui avance, mais avance-t-il bien ? Certes, la famille est sacrée. Si la poésie en est considérée la gardienne, c’est parce que la poésie en langue mère est belle, elle nourrit son petit et le peuple entier. Elle sera de plus en plus belle, si on admet la poésie en lui accordant d’être, en même temps, un art, de l’écriture et de la lecture. La composante personnelle de la poésie est la condition de son émotion et de celle qu’elle diffuse en langue mère, avec art. C’est pourquoi la poésie est communauté humaine de parole, avec les arts du langage. Mais bienheureusement, la solidarité du peuple repose sur d’autres compétences et métiers que la poésie des livres. Elle peut leur donner des poèmes, mais de même qu’une famille ne peut, sinon symboliquement, soutenir réellement toutes les autres familles, de même la famille de la poésie est une pensée que les métiers des livres ne peuvent que considérer patiemment, sans lui accorder la solidarité envers l’idée que la poésie soit composée de livres faits pour aider seulement quelqu’un et non pour cultiver l’art poétique de la lecture. C’est un métier parmi les autres qui a son utilité reconnue.
La famille, socle de paix, socle de vie au titre de Poésie pure. Pour les cas de famille à soi seul•e, adopter, vous verrez, c’est le bonheur, une famille à soi seul•e, très bien. Une famille à deux soi unie.
La personne c’est toi à travers moi (en même temps et réciproquement), est une vérité d’ordre général en relation humaine, considération apte à « sauver le monde ».
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